Vilnus Atyx
Les réactions et commentaires sur la performance du Front de Gauche après le premier tour de la présidentielle évoquaient plus une déroute qu'une réussite électorale. Deux raisons à cela : tout d'abord la poussée que les entreprises sondagières avaient "mesurée" 15 jours avant l'élection ne s'est pas concrétisée dans les urnes avec l'ampleur maximale envisagée (la faute sans doute à une campagne de dénigrement du candidat assez massive la dernière semaine). Ensuite, le Front de Gauche obtient le quatrième score, assez loin derrière le Front National, alors même qu'il s'était donné comme objectif de repousser le parti d'extrême-droite. Mais peut-on pour autant parler d'échec, avec 11,11% des voix et près de 4 millions de voix?
Je pense que non, pour trois raisons.
Premièrement, seule la gauche progresse en nombre de voix depuis 2002. La gauche en gagne 2,3 millions quand la droite en perd 3,2. Et sur les 2,3 millions de voix gagnées depuis 2007 (alors même que la participation a baissé), seul un tiers est lié à la progression du PS. Autrement dit, la gauche du PS a fait progresser son total de 1,6 millions, dont la plus grande partie est imputable au Front de Gauche, évidemment.
Deuxièmement, en pourcentage, certains trouveront sans doute anecdotique que le FDG multiplie par presque 6 le score de Marie-Georges Buffet de 2007. Mais, bien entendu, personne ne peut en dire autant. La progression est tout aussi remarquable si l'on prend pour référence les élections européennes (6,05% des voix), ou les élections cantonales de 2011 (8,92%).
Troisièmement, la place prise à gauche du PS fait désormais du Front de Gauche un interlocuteur incontournable de la scène politique française. Outre la quatrième place obtenue et le seuil des 10% franchi, on notera avec satisfaction la prépondérance actuelle à gauche du PS : 87% des voix de la gauche radicale, c'est un résultat jamais atteint par une formation politique. La vocation unitaire du Front de Gauche est donc fortement confortée.
Pour illustrer ces trois points, vous trouverez ci-dessous un "donut animé" présentant les résultats du premier tour des élections présidentielles depuis 1965. On peut notamment y observer : la progression de la gauche et notamment de la gauche radicale, le recul de la droite entre 2007 et 2012, l'étiage de l'extrême-droite qui reste identique entre 2002 et 2012 alors que le nombre de votants augmente, la part du principal parti à gauche du PS depuis 1965, etc.
Par ailleurs, il y a d'autres aspects moins quantitatifs pour apprécier le résultat d'une élection. La mobilisation populaire, l'implication militante, la diffusion du programme ou la qualité des soutiens me semblent autant de points positifs à considérer sérieusement.
Donc le Front de Gauche est l'un des grands gagnants de cette élection (avec le PS, présent au 2nd tour et en progression, et le FN qui a réussi à mobiliser l'attention entre les deux tours. Et il conviendrait d'en prendre conscience, en dépit de l'emballement médiatique autour de l'extrême-droite.
Notes :
- La première élection de la Vème République de 1958 n'a pas été retenue, car elle ne s'est pas déroulée au suffrage universel.
- En 1965, le candidat de la SFIO était aussi soutenu par le PC.
- Ci-dessous le récapitulatif chiffré des résultats des premiers tours depuis 1965. Vous pouvez cliquer sur les en-têtes de colonne pour trier les résultats.
- Abréviations utilisées ici :
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