Vilnus Atyx
Michel Onfray m'a peiné. Il faut dire que je partage avec lui (grâce à lui?) un intérêt marqué pour des personnages tels que Diogène ou Proudhon. C'est peu de dire également que ses ouvrages sur la religion, l'hédonisme, la psychanalyse, pour ne citer que ceux-là, sont suffisamment convaincants pour que ses positions pro-transgéniques ou nucléaristes passent au second plan lors de mon évaluation générale de la pensée du philosophe. La cause de mon désarroi est son revirement récent : après avoir affiché son soutien à la candidature du Front de Gauche aux élections présidentielles (dès 2009), il s'est rétracté il y a quelques temps arguant de divers arguments, nous le verrons, discutables.
Michel Onfray avait déjà effectué ce genre de changement de pied avec la candidature de Bové en 2007. Son soutien pour Besancenot avait également été, disons, fluctuant. Cette fois, il pousse la désaffection assez loin, puisqu'il signe des articles dans le journal de Joffrin et Perdriel et tient des propos très offensants à la télévision.
Je crois que M. Onfray fait plusieurs erreurs de jugements.
La première, c'est qu'il accuse le candidat du Front de Gauche d'entretenir des sympathies pour des régimes non démocratique, accusation tout à fait farfelue, à l'opposé des valeurs défendues par le Front de Gauche. A l'aide de raccourcis malhonnêtes, M. Onfray prête à M. Mélenchon des sympathies pour rien moins qu'Ahmadinejad et l'Iran (et donc la destruction d'Israël), Kadhafi, l'oppression des tibétains et la "dictature cubaine". Pour suivre de près le candidat du Front de Gauche, je peux dire qu'il a plusieurs fois écrit ou tenu des propos contraires à ceux que lui prête M. Onfray.
La deuxième porte sur les relations que M. Onfray prétend établir entre M. Mélenchon, Robespierre, Saint-Just et la Terreur révolutionnaire. Outre le fait qu'il utilise là le même argument que Mme¨Parisot, présidente du MEDEF, il y a une incohérence manifeste à vouloir faire prendre la partie pour le tout. Si on reconnaît quelques qualités à des personnages historiques, faut-il pour autant assumer personnellement tous leurs actes? Est-ce à dire que puisque Michel Onfray approuve quelques théories de Proudhon, il fait siennes ses pensées sur les juifs et les femmes? Bien sûr que non. Est-ce que l'ouvrage de Michel Onfray "La religion du poignard" et son affection pour Charlotte Corday constituent une apologie du meurtre en général? Bien sûr que non. Enfin et surtout, faire ce procès d'intention à propos de la terreur, c'est nier le projet du Front de Gauche de réaliser une révolution dite "citoyenne", c'est-à-dire résolue mais pacifique, par les urnes.
La troisième, peut-être la plus dommageable, consiste à rapporter le vote pour le Front de Gauche à celui pour un seul homme. Encore une fois, M. Onfray a des réflexes d'éditorialiste de base, en personnalisant à l'extrême le scrutin présidentiel. Les partisans du Front de Gauche ne se déterminent pas pour son candidat, aussi brillant soit-il, mais pour son programme, "l'humain d'abord".
Ce sont ces contradictions et ces erreurs que j'ai tenté de mettre en lumière dans la vidéo suivante :
Alors, pourquoi M. Onfray a-t-il cédé à ces facilités? Difficile à dire. Ces propos sont indignes de son niveau. Il sera sans doute mal-aisé de le lui faire reconnaître, car comme on dit : "On ne saurait faire boire un âne qui n'a pas soif". Dommage, car il joint ainsi sa voix au choeur des critiques fort peu nuancées qui s'attaquent au candidat de la gauche et à travers lui à tous les gens qui le soutiennent.
Sources : Soutien de M. Onfray à Mélenchon M. Onfray dans le Nouvel Obs M. Onfray à Ce soir ou jamais Laurence Parisot sur Europe 1 M. Mémenchon au Grand Journal M. Mélenchon dans "la fabrique de l'Histoire" M. Mélenchon sur France Inter M. Mélenchon sur Radio France M. Mélenchon sur Médiapart A propos de Robespierre Alexis Corbière sur M. Onfray M. Mélenchon à propos de F. Mitterand M. Mélenchon sur le Tibet Discours de Rouen de M. Mélenchon Discours de M. Mélenchon devant l'ADMD (Association pour le Droit à Mourir dans la Dignité)
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