Frédéric Lordon au Lieu-dit

Le 23 janvier 2012, la Revue des Livres organisait une rencontre avec l'économiste Frédéric Lordon, au Lieu-dit, dans le cadre de la parution d'un entretien dans l'édition de janvier / février 2012 de la revue, article intitulé : «nous assistons à l’écroulement d’un monde, des forces immenses sont sur le point d’être déchaînées».

Cela a été l'occasion pour l'économiste, d'avancer quelques idées sur le concept de nation, l'Europe et son fonctionnement, le néolibéralisme, le rôle de la monnaie et de répondre à quelques questions de participants. Voici une partie des thèmes abordés, et quelques phrases prises sur le vif.

1) Propos liminaire sur la dimension exploratoire du propos et réponse à l'accusation de favoriser certaines idées d'extrême-droite

2) Sur les notions de nation et de souveraineté

F. Lordon propose les définitions suivantes :
Nation : toute invocation par une collectivité du principe de souverainenté, à savaoir toute revendication ou toute déclaration d'être elle-même maîtresse de son propre destin et de se donner à elle-même ses propres lois.
Etat : toute réalisation institutionnelle de la nation.

Spinoza : "La nature ne crée pas de peuple"

Ne faudrait-il pas inverser le lien entre la nation et la souveraineté : C'est la souveraineté qui fait nation.

3) Sur l'affect commun nécessaire pour constituer nation

... et sur la possibilité que le besoin de souveraineté soit celui-ci.

A propos des affects : pour faire nation il faut que le divers vienne se ranger sous le primat du commun.

Pour des Etats-Unis d'Europe, la question de la déclaration de souveraineté doit être première.

4) Sur la théorie de la "captation de la puissance de la multitude"

De La Boëtie à Toni Negri...

Sur la captation du pouvoir (par l'Etat) : "Quels sont les agencements institutionnels qui minimisent les dépossessions de la multitude?"

5) Le processus de construction européen : "C'est tout pourri"

Où est évoqué l'ouvrage intitulé L'Europe sociale n'aura pas lieu.

"Il y a des pouvoirs oligarchiques [...] sur lesquels plus personnes n'a de prise."

La promesse de l'europe sociale est frauduleuse dès ses débuts. L'europe sociale est l'arlésienne.

"Jamais on n'a produit un agencement institutionnel qui soit aussi toxique pour le principe de souveraineté (et c'est ça qui à mon avis ne pourra plus durer)."

6) Le néolibéralisme et ses décideurs

"L'UE a organisé elle-même ses propres dépossessions de souveraineté."

Qui :

Bérégovoy - Mitterand : loi sur la déréglementation financière

Mitterand - Chirac : signature de l'acte unique 1984-1986

Delors - Lamy : liberté des mouvements de capitaux dans l'UE

7) De la situation états-unienne...

...du dollar, la théorie de l'habitat préféré et du rôle du vrai banquier central.

L'Europe : "une orthodoxie sans faille d'autant plus stupide qu'elle s'est énoncé en chiffres"

"La finance ne s'analyse pas autrement que comme un univers en proie à des dynamiques passionnelles collectives"

8) De l'effondrement

"Chacun tentant de se sauver individuellement concourt à la ruine de tous." (via Keynes)

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Vous ne savez pas qui est Frédéric Lordon?



Contenu publié le 25-01-2012 à 02:00

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