Vilnus Atyx
En 1792, Condorcet remet un rapport à l'Assemblée Nationale sur l'instruction nationale. Il y fait mention notamment de la nécessité de former le peuple à la citoyenneté. Le citoyen devrait connaître ses droits, afin de pouvoir les faire respecter, et recevoir une véritable culture politique, afin qu'il puisse participer au mieux à la vie du pays.
« Offrir à tous les individus de l'espèce humaine les moyens de pourvoir à leurs besoins, d'assurer leur bien-être, de connaître et d'exercer leurs droits, d'entendre et de remplir leurs devoirs ; assurer à chacun d'eux la facilité de perfectionner son industrie, de se rendre capable des fonctions sociales auxquelles il a droit d'être appelé, de développer toute l'étendue des talents qu'il a reçus de la nature, et par là, établir entre les citoyens une égalité de fait, et rendre réelle l'égalité politique reconnue par la loi. Tel doit être le premier but d'une instruction nationale ; et, sous ce point de vue, elle est pour la puissance publique un devoir de justice. »
Condorcet, avril 1792
Qu'en est-il aujourd'hui ? Force est de constater que l’État, trop désireux de compter sur des électeurs dociles et peu remuants n'a jamais eu la volonté (peut-être seulement en 1945, avec le programme du CNR) d'accomplir cette nécessaire éducation populaire. D'une certaine manière, c'est sans doute mieux ainsi. Les syndicats ont tenu ce rôle un temps, mais ils sont malheureusement aujourd'hui en perte de vitesse et ne semblent plus préoccupés au premier chef par la chose.
Les médias traditionnels privés ne remplissent pas cette fonction, bien au contraire, leur action aujourd'hui va dans le sens inverse à celui espéré, proposant encore et encore les contenus les plus abrutissants et débilifiants possible (pour occuper le devenu fameux « temps de cerveau disponible »). Rien à espérer donc de ce côté là. Les médias publics pourraient avoir cette fonction. Mais, coincés qu'ils sont entre leur obséquiosité vis à vis du pouvoir, leur obsession de rentabilité, la nécessité d'audimat qui en découle et leur formatage idéologique, les journalistes qui y évoluent ne parviennent à produire qu'une information d'une objectivité et d'un pouvoir critique d'un niveau déplorable.
Il ne s'agit pourtant pas de baisser les bras devant l'ampleur de la tâche : il faut à la fois informer et instruire, largement. Instruire pour que l'information soit décryptée par la population. L'enjeu étant d'importance pour la santé même de la démocratie, cette instruction ne peut être donnée par le pouvoir en place, ni même par un parti. Ce doit être le peuple lui même qui se saisit de sa propre formation.
Un journal citoyen (c'est-à-dire produit par une forme d'organisation populaire libre) local, s'il est lu, paraît être un excellent moyen pour faire de l'éducation populaire. D'abord parce qu'un journal est un média tout à fait adapté au besoin et qu'il existe historiquement une longue tradition d'information populaire par les journaux. Un journal se lit plus facilement qu'un livre. Les gens sont habitués à y trouver de l'actualité et des données de fond. Parfois ils développent un lien presque affectif avec leur quotidien. Le journal se distingue du tract par sa taille, sa fréquence, son style et son contenu. Les avantages d'intervenir au niveau local sont évidents : les contenus peuvent être ancrés dans le concret, ce qui permet de mieux illustrer les messages, de rendre les articles plus intéressants et pertinents pour le lecteur, la diffusion est plus aisée, le tirage plus limité et donc moins coûteux. En outre le journal peut vite devenir un outil pour entretenir du lien social.
C'est ce que propose ce nouveau journal citoyen : le Canard Forgeron.
D'abord, le défi est d'être lu et compris. Pour être lu, le Canard Forgeron a pu faire le choix de la gratuité. Tiré à environ 800 exemplaires, ce paramètre impacte bien entendu la fréquence de parution du journal, qui a été fixé à une période trimestrielle.
Reste à produire des articles et contenus à la fois compréhensibles et intéressants pour le lecteur, susceptibles de l'éclairer sur la marche du monde et de nature à participer à sa formation de citoyen. En tout état de cause, voilà des perspectives tout à fait réjouissantes pour les rédacteurs de journaux citoyens qui pourront trouver là certaines satisfactions.
Bien entendu la version papier distribuée gratuitement est adossée à un site internet. Celui-ci a plusieurs objets : recruter des rédacteurs, élargir l'audience, proposer les archives du journal, proposer plus de contenu, plus interactif, des sources complémentaires, etc. A terme, on peut envisager que la version numérique remplace l'édition papier, si la lecture du Canard rentre dans les mœurs ? Internet pourrait aussi permettre de fédérer des initiatives similaires, par exemple par la création d'une coopérative des Journaux Citoyens. Un tel espace permettrait d'échanger textes, dessins, idées, ressources, expériences, maquettes...
Bref, il y a tant à entreprendre! En attendant, vous pouvez lire le premier numéro du Canard Forgeron (ici en pdf) et voir le site internet où il niche : http://www.canard-forgeron.fr. Le site en question est « responsive - design », c'est à dire qu'il s'adapte à la largeur du terminal sur lequel il est consulté.
Enfin, sachez que vous pouvez recevoir tout renseignement nécessaire en écrivant à redac@canard-forgeron.fr
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